La phase finale de la Coupe des Nations de la Caraïbe n’a pas eu l’issue espérée par la Ligue de Football (LFM) et le public martiniquais. La Sélection de Martinique termine, en effet, dernière d’une compétition qui souligne beaucoup de dysfonctionnements.
Le public était venu nombreux le jeudi 22 juin, afin de soutenir la Sélection en demi-finale face à Curaçao. Pour cette dernière phase finale de la Coupe des Nations de la Caraïbe dans ce format organisé à domicile, les Martiniquais nourrissaient de grandes ambitions. « Nous ferons tout pour gagner et faire plaisir à nos supporters » annonçait Jean-Marc Civault, le sélectionneur.
Au final, rien ! Face à une très belle équipe de Curaçao, la Sélection fait illusion pendant 20 minutes, le temps pour Yoan Arquin d’inscrire l’unique but martiniquais de la compétition. Le président Samuel Péreau avance le fait que les Curaciens étaient très forts, et que la Martinique n’a pas les moyens financiers. Oui, Curaçao était au-dessus du lot lors de cette phase finale. Oui, Curaçao possède des joueurs évoluant à Southampton, Aston Villa, Vitesse Arnhem, Willem ou en Slovaquie. Oui, la Martinique ne dispose pas des moyens financiers permettant de disputer le nombre de matchs amicaux souhaités. Mais, l’agressivité, la discipline et le cœur sont des leviers qui permettent au moins de sortir du terrain la tête haute !
Réussir une belle performance comme battre Trinidad pour accéder à cette phase finale, avait demandé beaucoup de rigueur, de concentration et de dépassement de soi. Ce soir-là d’octobre 2016, sur cette même pelouse du stade Pierre Aliker, les joueurs étaient quasiment les mêmes à l’exception de Julien Faubert, présent dans l’entrejeu face aux Soca Warriors. Lors de ce match, la Martinique avait fait preuve de solidarité et d’agressivité. Alors comment expliquer que cette même équipe donne une prestation si mauvaise face à Curaçao ?
Plusieurs pistes sont à envisager. La 1ère est donnée par l’entraîneur Jean-Marc Civault lui-même, quand il répond à une question d’un journaliste concernant le manque d’influence de joueurs comme Steeven Langil ou Antoine Jean-Baptiste, tous 2 si brillants lors des sorties précédentes avec la Sélection. « Ce sont des joueurs qui sont en vacances… » lâche le sélectionneur martiniquais ! Dans ce cas, pourquoi sont-ils là ? Les joueurs extérieurs de la Sélection de Guyane, à l’image d’un Florent Malouda remplissant parfaitement son rôle de guide, n’ont pas semblé « en vacances » ! Surtout que, lors du tour précédent, ces mêmes éléments avaient été au niveau de ce que l’on attendait d’eux. Quelles sont donc les conditions de venue d’un joueur en Sélection ? Quelles sont les règles établies par les dirigeants et l’encadrement technique ? Ces règles sont-elles les mêmes pour tous ? Qu’il vienne de l’Assaut, du Golden Lion, du Club Franciscain ou du FC Barcelone, un joueur qui répond favorablement à l’appel de la Sélection de Martinique, doit pouvoir donner le maximum pour ce maillot qu’il a choisi de porter !
Sur le terrain, la Sélection n’a pas été au niveau. Des 4 équipes présentes, elle est la seule à ne présenter aucun fil conducteur. Quand Curaçao séduit par son organisation collective et sa technique ; quand la Guyane monte en puissance avec un jeu de possession cohérent ; quand la Jamaïque échoue avec son jeu direct, la Martinique tâtonne. Elle improvise et compte sur une fulgurance d’un de ses joueurs ! Mais ce spectacle désastreux ne s’est pas limité à l’aire de jeu. Lors de la cérémonie protocolaire en fin de tournoi, grande fût notre surprise de voir s’avancer le vice-président de la LFM pour récupérer le prix du…fair-play !!! Aucun joueur martiniquais n’était, en effet, présent pour recevoir le trophée remis par les hauts dirigeants de la CONCACAF et de l’UFC. Si cela n’est pas de l’organisation réussie…
En 2010, l’échec avait déjà été retentissant. Cette phase finale 2017 est encore pire ! Hors la situation avait été clairement identifiée : la Martinique manque de moyens pour rivaliser avec les grandes nations de la Caraïbe. Pourtant, à chacune des campagnes caribéennes suivantes, le discours des dirigeants du football martiniquais, était le même : « l’objectif est de se qualifier pour la Gold Cup ». Pour faire quoi… puisqu’il n’y a pas de moyens ? Le « projet » de faire les jeunes participer à davantage de compétitions dans la Caraïbe (comme cela se faisait dans les années 80-90) avait été annoncé. Sauf que depuis 2010, les U15 y ont participé deux fois, les U17, une fois, et les U20… jamais ! Un bilan famélique qui témoigne de l’absence d’un véritable projet. Un jeune footballeur martiniquais effectue le tournoi Claude Elise et la phase Antilles de la Coupe Nationale en U15, puis le tournoi Paul Chillan en U17. En règle générale, cela s’arrête là. Soit 10 matchs, en étant très généreux, entre 14 et 20 ans ! Sans compter que nos clubs séniors ne participent plus aux compétitions caribéennes, comme c’était le cas avant.
Alors, à quand le dirigeant qui admettra qu’il faut peut-être, sans doute même, du temps pour la formation ? Qui acceptera que, durant quelques années, l’équipe séniore soit une vitrine moins « clinquante », de façon à permettre une meilleure formation ? Un tel choix pourrait peut-être permettre qu’un jour, qui sait, la Martinique redevienne la meilleure équipe de la Caraïbe, comme elle l’a été à trois reprises… Il est assurément urgent que cesse ce flip flap qui a conduit au flop devant notre public.
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