C’est vrai qu’en un regard égocentré, nous pourrions souligner ses atteintes à la liberté de la presse, ainsi que l’endettement qu’a connu notre ligue de Football sous sa présidence. Mais ces deux points n’altèrent pas le bilan d’une vie au service du football martiniquais. Aussi, nos lignes ne retiennent-elles que l’engagement sans cesse d’Alain Rapon et son action fondamentale.
Au commencement, le joueur de foot qui s’affirme à la Gauloise, avec notamment une finale face au Golden-Star, match que perd l’équipe de Trinité sur abandon de terrain. Et puis après, en dynamique formative, il rejoint le banc du Réal de Tartane, club qu’il structure et conduit à une finale face à son club d’origine ; dans cette période initiale, il lance deux cadets qui se révèlent brillants, Dany Attély et César Nestoret, ce dernier devenant un des joueurs majeurs de notre Sélection au milieu des années 80. Conquérant, ce Réal remporte la Coupe de Martinique en 1985, et quatre ans après, la Coupe de France régionale.
Membre de l’Amicale des Éducateurs, le cadre technique Alain Rapon y développe Football 2000, projet dont l’option refondatrice lui permet d’accéder à la présidence de la Ligue de Football de Martinique, en 1996. La première de ses trois mandatures est marquée par ce Big-Bang qui remet tout à plat. Et douze ans durant, le Président Rapon s’emploie à améliorer notre intégration au sein des instances caribéennes, ambition qu’ont initiée ses prédécesseurs à la tête de la ligue, Félix Chauleau et Joseph Ursulet. Dans une même logique de rapprochement avec la Guadeloupe, la LFM remplace la Division Antilles par la Ligue Antilles Foot.
Élu sur la liste d’Alfred Marie-Jeanne, il devient le responsable des sports du Conseil Régional et met en place Gran Jé Matinik, rendez-vous de Nous-Mêmes qui rassemble les disciplines sportives. Cette collaboration militante entre les deux hommes se traduit par une ambition nouvelle pour le sport martiniquais. Appliquée à notre Sélection de football, celle-ci conduit à l’intégration de joueurs martiniquais évoluant ailleurs, à meilleur niveau. Pareille initiative pose la question, encore d’actualité, du pourcentage d’éléments pouvant renforcer le groupe initial. Et le Président Alain Rapon s’est trouvé d’autant plus qualifié à interroger cet apport nouveau, que sa réalisation majeure est la création en 2000 du Pôle Football, pépinière de joueurs qui assure l’indispensable socle. Il convient aussi de souligner cet autre geste fort, l’embauche par la LFM de 30 emplois jeunes.
Au moment où la route s’en va sans retour, Alain Rapon laisse donc l’image de l’Homme d’engagement et d’action. Celle de l’initiateur, du réalisateur, acteur majeur de notre football auquel il a consacré une bonne partie de sa vie. De ce porteur de rêves concrets, nous retiendrons qu’il a toujours cherché à faire bouger les lignes, qu’il a beaucoup œuvré pour son pays.
Alors, que nos prières accompagnent le joueur, le cadre technique, le Président de la LFM, et le responsable de la commission sports du Conseil Régional. Qu’il repose en paix.
SPORTS PLUS
décembre 2015
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